Le ministère britannique de la Défense (MoD) est exhorté à publier les détails d’un incident de sûreté nucléaire survenu plus tôt cette année à HM Naval Base Clyde (Faslane), site clé de la flotte de sous-marins nucléaires du pays.
Selon un reportage de Sky News, des données officielles indiquent qu’un événement de Catégorie A -niveau de gravité le plus élevé retenu par le MoD- s’est produit à Faslane entre le 1ᵉʳ janvier et le 22 avril 2025. Le ministère définit la Catégorie A comme le type d’incident le plus sérieux sur un site nucléaire, tout en précisant qu’en l’occurrence l’événement a été évalué avec une « faible importance pour la sûreté » et ne représentait aucun risque pour le public ni pour l’environnement.
Située sur le Gare Loch, dans l’ouest de l’Écosse, HMNB Clyde abrite le quartier général de la Royal Navy en Écosse et les sous-marins de la classe Vanguard qui emportent les missiles nucléaires Trident.
Répondant à une question parlementaire du député Dave Doogan (Scottish National Party), la ministre des Achats de défense et de l’Industrie, Maria Eagle, a confirmé plusieurs incidents à Faslane et au dépôt d’armements navals de Coulport -site de stockage et de chargement du programme Trident- entre avril 2024 et avril 2025. Le bilan fait état, à Faslane, d’un incident de Catégorie A, cinq de Catégorie B, 29 de Catégorie C et 71 de Catégorie D; à Coulport, de 13 incidents de Catégorie C et 34 de Catégorie D.
Maria Eagle a indiqué que les détails des incidents de Catégories A et B ne peuvent être divulgués pour raisons de sécurité, tout en soulignant que ''aucun des événements n’a nui à la santé d’un membre du personnel ou du public, et aucun n’a eu d’impact radiologique sur l’environnement''.
Le secrétaire à la Défense John Healey a confirmé que tous les événements signalés ont été classés de faible importance pour la sûreté et notés niveau 1 -le plus bas- sur l’Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques (INES) à sept niveaux. Il a précisé que ces incidents peuvent résulter de défaillances d’équipement, erreurs humaines, lacunes procédurales ou quasi-accidents sans conséquences.
Les appels à la transparence s’inscrivent dans un réexamen du programme d’armement nucléaire du Royaume-Uni, après une enquête conjointe de The Guardian et The Ferret révélant une fuite d’eau radioactive à Coulport vers le Loch Long en 2019 due à des conduites corrodées. L’Agence écossaise de protection de l’environnement (SEPA) a jugé ces rejets ''sans enjeu réglementaire'', tandis que le MoD a affirmé qu’il n’y a eu ''aucun rejet dangereux de matières radioactives'' dans l’environnement.
Le chef adjoint du SNP et député au Parlement écossais, Keith Brown, estime que l’affaire soulève de graves questions de sûreté: ''Avec des rapports répétés d’incidents sérieux à Faslane et une contamination radioactive désormais confirmée à Loch Long, il est clair que ces armes sont non seulement mal entretenues mais constituent une menace directe pour notre environnement, nos communautés et notre sécurité. Pire encore, le gouvernement refuse de fournir le moindre détail sur l’incident de Catégorie A.''
Un porte-parole du MoD a réitéré que des impératifs de sécurité nationale empêchent de divulguer des informations sensibles, tout en maintenant que les incidents ne présentaient aucun danger: ''Nous accordons la plus haute importance à la manipulation sûre et sécurisée des substances radioactives. Les rapports d’événements de site nucléaire illustrent notre culture de sûreté robuste et notre volonté d’apprendre du retour d’expérience. Ces incidents n’ont posé aucun risque pour le public et n’ont entraîné aucun impact radiologique sur l’environnement. Affirmer le contraire est factuellement inexact. Notre gouvernement soutient notre dissuasion nucléaire comme garantie ultime de notre sécurité nationale.''