Le président des États-Unis Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se rencontreront vendredi sur la Joint Base Elmendorf-Richardson à Anchorage (Alaska) pour le premier sommet russo-américain depuis 2021. Les entretiens, qui doivent débuter à 11 h 30 heure locale (19 h 30 GMT), porteront sur les dossiers les plus sensibles de la relation bilatérale : guerre en Ukraine, contrôle des armements nucléaires et sécurité au sens large.

Préparatifs accélérés et portée politique

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué que les préparatifs avaient été menés dans un délai ''exceptionnellement court'' après une visite jugée productive à Moscou de Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump. Il a souligné que les deux dirigeants sont ''prêts à parler'' et souhaitent aborder les sujets les plus difficiles, une volonté politique réciproque qu’il estime rare dans le contexte actuel.

La délégation russe comprendra notamment le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre de la Défense Andreï Beloussov, le ministre des Finances Anton Silouanov et l’envoyé spécial Kirill Dmitriev.

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Priorités divergentes sur l’Ukraine

Le sommet en Alaska survient alors que la guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année. Les lignes de front demeurent largement statiques ; les forces russes revendiquent des gains incrémentaux dans l’Est tout en menant des frappes de longue portée contre des villes ukrainiennes. Le président Volodymyr Zelensky a répété son refus de céder des territoires, rejetant l’idée de compensations territoriales évoquée par Trump par le passé.
De son côté, Poutine ne montre aucun signe d’arrêt avant d’atteindre ses objectifs militaires — une perspective qui pourrait prendre des années, selon des analystes. Le Kremlin affirme toutefois percevoir un ''potentiel inexploité'' considérable dans la relation russo-américaine au-delà du conflit.

Contrôle des armements nucléaires au menu

Poutine laisse entendre que les discussions pourraient déboucher sur des avancées en contrôle des armements, liées à des efforts plus larges de désescalade. Il s’est félicité de démarches américaines jugées ''énergiques et sincères'' pour faire cesser les hostilités et estime que des accords sur les armes stratégiques offensives pourraient créer des conditions durables de paix.


Le traité New START, dernier cadre bilatéral limitant les arsenaux nucléaires américain et russe, expire le 5 février prochain. Sans prolongation ni texte de remplacement, les deux pays pourraient dépasser le plafond actuel de 1 550 têtes nucléaires déployées. Les tensions verbales récentes ont accentué l’enjeu, Trump ayant ordonné plus tôt ce mois-ci un rapprochement de sous-marins nucléaires américains de la Russie après des déclarations de l’ex-président Dmitri Medvedev.

Communication de la Maison-Blanche et objectifs de Trump

La porte-parole de la Maison-Blanche Karoline Leavitt a indiqué que Trump privilégie la diplomatie mais conserve ''de nombreux outils'', notamment les sanctions, si nécessaire. Elle présente la rencontre comme l’occasion pour le président de « regarder le dirigeant russe dans les yeux » et d’explorer des pistes de progrès vers une issue pacifique.
Selon David Kearn, universitaire américain et chercheur invité au Managing the Atom Project de Harvard, l’objectif central de Trump est d’obtenir un résultat tangible — cessez-le-feu, accord sur un prochain sommet, voire engagement en faveur d’une réunion trilatérale avec Zelensky et Poutine — qu’il pourrait présenter comme un succès diplomatique.

Format du sommet

Après un entretien en tête-à-tête, les dirigeants rejoindront leurs délégations pour un déjeuner de travail, avant une conférence de presse conjointe. Des sujets plus larges, dont la sécurité, le commerce et la coopération économique, figurent également à l’ordre du jour.

Si peu s’attendent à une percée immédiate, Moscou comme Washington décrivent ce rendez-vous en Alaska comme une étape critique pour réengager le dialogue sécuritaire et, potentiellement, reconfigurer le paysage diplomatique entre les deux puissances nucléaires.