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Les États-Unis démentent les rumeurs de kill switch sur le F-35

Le Pentagone a officiellement nié les allégations selon lesquelles les chasseurs F-35 de Lockheed Martin seraient équipés d’un « kill switch » permettant de désactiver l’appareil à distance. Cette spéculation, initialement relayée sur les réseaux sociaux, a gagné en ampleur ces dernières semaines alors que plusieurs pays européens remettent en question leur dépendance aux équipements de défense américains.

Dans un communiqué publié le 18 mars, le Joint Program Office (JPO), qui supervise le programme F-35, a rejeté ces affirmations. « Il n’y a pas de kill switch », a déclaré le JPO. « Le programme fonctionne selon des accords bien établis qui garantissent à tous les opérateurs de F-35 les capacités nécessaires pour entretenir et exploiter leurs appareils efficacement. »

Malgré la position ferme du Pentagone, des préoccupations persistent chez plusieurs alliés concernant la capacité de Washington à restreindre l’accès à la maintenance, aux pièces détachées et aux mises à jour logicielles critiques. Lockheed Martin a cherché à minimiser ces craintes en s’appuyant sur les assurances des responsables de la défense en Belgique et en Suisse, qui ont déclaré ne disposer d’aucune preuve d’une capacité de désactivation à distance.

Des pays européens réévaluent leurs acquisitions de F-35

Le scepticisme croissant à l’égard des politiques de défense américaines pousse plusieurs pays européens à réexaminer leurs stratégies d’achat de chasseurs. Le Portugal a annoncé qu’il ne poursuivrait pas son acquisition de F-35, devenant ainsi le premier pays européen à se retirer du programme. Le Canada, confronté à des tensions diplomatiques avec Washington, a également indiqué qu’il envisageait des alternatives à son projet d’achat de 88 F-35.

L’Allemagne subit une pression croissante de son industrie de défense nationale pour privilégier des avions fabriqués en Europe. Un représentant de Airbus Defence & Space a exhorté Berlin, le 17 mars, à revoir son projet d’achat de 35 F-35A, soulignant que la dépendance aux avions américains pourrait entraîner des risques stratégiques à long terme.

Le président français Emmanuel Macron a profité des incertitudes entourant le programme F-35 pour promouvoir une industrie européenne de la défense plus forte. Le 16 mars, il a annoncé que la France allait acquérir 40 Rafale supplémentaires équipés de missiles nucléaires hypersoniques, qui seront positionnés près de la frontière allemande à des fins de dissuasion stratégique. Il a également appelé les alliés européens à privilégier les avions de fabrication européenne plutôt que les modèles américains, renforçant ainsi sa volonté d’une plus grande autonomie de défense.

Les tensions politiques alimentent une réorientation des stratégies de défense

Cette évolution de la stratégie de défense européenne intervient dans un contexte de tensions géopolitiques accrues, exacerbées par la politique étrangère des États-Unis sous la présidence de Donald Trump. Le rapprochement de son administration avec le président russe Vladimir Poutine et son discours sur le partage du fardeau au sein de l’OTAN ont intensifié les doutes sur l’engagement de Washington en faveur de la sécurité européenne.

Les déclarations de Trump suggérant que le Canada pourrait devenir le 51ᵉ État américain ont encore tendu les relations avec Ottawa, poussant les responsables canadiens à réévaluer leur dépendance aux équipements militaires américains. De même, plusieurs gouvernements européens craignent qu’une politique de défense américaine plus isolationniste ne les fragilise en cas de conflit.

Alors que l’incertitude politique continue de peser sur les relations de défense transatlantiques, le débat autour du F-35 illustre une tendance plus large : une volonté croissante des alliés des États-Unis de diversifier leurs approvisionnements militaires et de réduire leur dépendance aux équipements de fabrication américaine.