Le ministre suisse de la Défense, Martin Pfister, prévient qu’il respectera le plafond de 6 milliards de francs signé en 2022 pour l’achat de 36 F‑35A. Washington réclame désormais entre 650 millions et 1,3 milliard de dollars supplémentaires au titre de l’inflation et de la flambée des matières premières, arguant d’un "malentendu" sur le prix ferme initial.
Dans un entretien au Matin Dimanche, Pfister indique que plusieurs scénarios sont sur la table: réduire la commande, optimiser certains postes ou revoir les contreparties industrielles ("offsets") promises par Lockheed Martin pour investir en Suisse. Il rappelle toutefois que, même majoré, le F‑35 demeure l’option la moins coûteuse et la plus interopérable avec les flottes européennes déjà déployées du cap Nord à la Sicile.
La polémique enfle à Berne : une commission parlementaire a ouvert une enquête tandis que le gouvernement cherche une solution négociée "au plus vite" pour éviter un décalage du planning ; les premières livraisons doivent débuter en 2027 et les F/A‑18 actuellement en service atteindront leur limite d’usage vers 2030.
Selon l’accord conclu, la Suisse bénéficiait d’un prix fixe couvrant cellules, armements, formation et infrastructures. La révision tarifaire américaine met ce cadre sous tension et ranime les critiques qui avaient failli faire capoter la votation populaire de 2020 passée d’extrême justesse. Le Département fédéral de la défense rappelle néanmoins que rompre le contrat exposerait la protection de l’espace aérien helvétique après 2032 et ferait perdre des années sur toute alternative.
Dans l’immédiat, Berne poursuit les discussions bilatérales, soucieuse de préserver les retombées industrielles prévues dans les cantons et de sécuriser les conditions financières avant que la facture finale ne compromette l’équilibre politique délicat obtenu lors du référendum.
