La Corée du Nord a vivement condamné le Japon après la publication par l’agence Kyodo d’un projet de déploiement de missiles surface-mer Type-12 modernisés dans la préfecture de Kumamoto, au sud-ouest de l’archipel. Dans un commentaire diffusé lundi par la KCNA, Pyongyang qualifie l’initiative de "provocation grave aux répercussions géopolitiques", accusant Tokyo de préparer des frappes préventives sous couvert de défense côtière.
Un dispositif tourné vers la mer de Chine orientale
Selon Kyodo, l’opération devrait être conduite d’ici la fin de l’exercice budgétaire et renforcer le dispositif couvrant la chaîne d’îles Nansei, zone stratégique en raison de sa proximité avec Taïwan et des frictions sino-américaines. La nouvelle version du Type-12 — développée par Mitsubishi Heavy Industries — porterait sa distance d’engagement de 200 à 1 000 km, offrant aux forces japonaises la capacité de frapper des unités navales bien au-delà de leurs eaux territoriales.
Tokyo invoque le risque Chine-Taïwan
Des sources gouvernementales citées par Kyodo justifient l’installation par « la nécessité de dissuader tout scénario de confrontation impliquant Pékin ». Sous l’impulsion de la stratégie nationale de sécurité de 2022, le Japon accélère l’allongement de portée de ses missiles antinavires, ainsi que l’acquisition d’armes à capacités « contre-attaque » (Tomahawk, JASSM-ER).
Pyongyang crie au réarmement
La KCNA rejette ces arguments: "En intensifiant son réarmement, le Japon renoue avec un esprit d’expansion militaire de l’ère impériale", déclare l’agence, avertissant que "toute aventure belliqueuse entraînera des conséquences désastreuses". Pyongyang accuse Tokyo de vouloir constituer une force de frappe capable d’opérations offensives de longue portée, menaçant la stabilité de l’Asie-Pacifique.
Silence officiel à Tokyo
Le gouvernement japonais n’a pas réagi publiquement aux propos nord-coréens. Toutefois, les autorités défendent régulièrement leurs programmes antimissiles et antinavires comme "strictement défensifs", citant les tirs balistiques nord-coréens et la montée en puissance navale chinoise.
Contexte régional tendu
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Corée du Nord: multiplication d’essais IRBM et SLBM en 2024-2025, dont certains sur trajectoire au-delà du Japon.
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Chine-Taïwan: exercices PLA Navy autour du détroit, intensification des incursions aériennes.
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États-Unis/Japon: renforcement du traité de sécurité, exercice Keen Edge 2025 simulant la défense de l’archipel sud-ouest.
Dans ce climat, l’arrivée des Type-12 longue portée à Kumamoto risque d’attiser encore la rivalité stratégique entre Tokyo, Pyongyang et Pékin, laissant présager de nouvelles passes d’armes diplomatiques au sein de la région Asie-Pacifique.

