Les négociations entre la Turquie et le consortium Eurofighter pour l’achat de chasseurs Typhoon sont entrées dans leur phase finale, a confirmé Michael Schoellhorn, PDG d’Airbus Defence and Space.
Selon Schoellhorn, l’Allemagne ne s’opposera plus à la vente des appareils à Ankara, après un changement de cap politique au sein du gouvernement dirigé par le chancelier Friedrich Merz. Il a déclaré:
'Le gouvernement allemand a été très clair : il ne bloquera pas et soutient l’idée de livrer des Eurofighter à la Turquie.'
Une étape décisive dans les négociations
Les discussions portent désormais sur les aspects techniques et commerciaux, menées par BAE Systems au nom du consortium Eurofighter. La Turquie cherche à acquérir 40 avions de chasse Eurofighter Typhoon, un appareil multirôle conçu conjointement par le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
Ce projet avait été gelé ces dernières années en raison des objections du précédent gouvernement allemand à dominante social-démocrate et écologiste. La nouvelle coalition a, elle, réaffirmé la nécessité de renforcer les capacités de défense européennes et de l’OTAN, dans un contexte de tensions sécuritaires accrues.
Une coopération industrielle renforcée
Schoellhorn a souligné que l’accord dépasse la simple acquisition d’un avion de combat, il a déclaré:
'L’Eurofighter est plus qu’un appareil, c’est un système complet, avec un potentiel de connectivité et de coopération homme-machine pour l’avenir'.
La participation de la Turquie au programme Eurofighter l’intégrerait dans un réseau d’utilisateurs comprenant le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, l’Autriche, ainsi que l’Arabie saoudite, Oman, le Koweït et le Qatar.
Schoellhorn, ancien pilote d’hélicoptère de l’armée allemande, a salué les compétences croissantes de l’industrie turque:
'J’ai pu constater par moi-même le niveau d’expertise et d’investissement de la Turquie dans la défense. C’est remarquable.'
Une vision commune pour la défense européenne
Le PDG d’Airbus a également évoqué la coopération existante avec Turkish Aerospace Industries (TAI), notamment autour du Hurjet, l’avion d’entraînement avancé que l’Espagne envisage d’acquérir.
Il a insisté sur la nécessité pour l’Europe de prendre davantage de responsabilité dans sa propre défense:
'Les gouvernements européens ont compris qu’ils ne pouvaient plus dépendre exclusivement des États-Unis. L’Europe doit renforcer sa capacité d’action, et c’est en cours.'
Schoellhorn a enfin exprimé son souhait de voir se développer une coopération plus large entre les industries européennes et turques de défense, malgré les divergences politiques :
'La Turquie n’est pas membre de l’Union européenne, mais elle est membre de l’OTAN. Il doit donc exister une voie et un cadre pour la collaboration.'